Eco-pâturage

Mise en place de l'éco-pâturage au domaine des Garrigues à Avignon

Une expérimentation d’éco-pâturage a été mise en place sur le domaine des Garrigues à Avignon. Ce domaine de 6 hectares est un site d’expérimentation INRAE de plein champ uniquement comprenant des expérimentations de prunus et de maraichage. Les parcelles sont organisées en rotation avec une plantation de luzerne en inter-culture. Pour la petite histoire : la variété bien connue de fraise, la "Garriguette", tire son nom de ce domaine où elle a été créée.

Les parcelles du domaine des Garrigues sont, pour une partie, constituées d'expérimentations de vergers de Prunus principalement (abricotier, pêcher…) et, pour une autre partie, d’expérimentations de maraîchage en pleine terre (aubergines, piments, ...).

Schéma Garrigues

Schéma 1 : Plan d'assolements du domaine Les Garrigues à Avignon

Ce domaine de 6 hectares est géré par une équipe de 7 personnes, dirigée par Alain Goujon, responsable des Installations expérimentales au sein de l'unité de recherche Génétique et Amélioration des Fruits et Légumes (GAFL). Les expérimentations y sont menées par les chercheurs et ingénieurs du GAFL, en collaboration avec d'autres unités de recherche du centre. Ce domaine est équipé d’une centrale de ferti-irrigation qui permet de conduire chaque parcelle individuellement en apport d’eau et en fertilisation (40 parcelles au total). L’irrigation est assurée à 100% par du goutte à goutte, ce qui en fait un bel et rare outil expérimental pour un site de plein champ.

piments

Photo 1 : Culture de piments dans le cadre du projet européen G2P-Sol pour évaluer des variétés de la collection du Centre de Ressources Biologiques CRB-Leg de l'unité de recherche GAFL.

Les cycles de rotation des parcelles en cultures maraîchères sont organisés selon une programmation quinquennale des assolements. Dans cette organisation, la culture de piments résistants du projet européen G2P- Sol sera considérée comme une tête d’assolement et, pour des questions sanitaires (absence de produit phytosanitaire dans le programme d'expérimentation et présence potentielle de pathogènes et de maladies), elle sera suivie d’une période de 3 à 4 ans de culture d’engrais vert.

La culture de la luzerne a été choisie comme couvert végétal pour les parcelles en jachère. Cette culture apporte une fertilisation du sol grâce à la symbiose fixatrice d’azote que cette légumineuse réalise au niveau de ses racines avec des bactéries présentes naturellement dans le sol. La luzerne est aussi une plante très résistante à la sécheresse et sa culture ne nécessite pas l’arrosage.

Luzerne Garrigues

Photo 2 : Parcelle recouverte de luzerne en juillet 2020

La luzerne est une plante herbacée vivace de 30 à 80 cm de hauteur. Sa culture nécessite un travail conséquent de fauchage qui est réalisé en sous-traitance par un agriculteur local, 4 fois par an. Pour l’autre partie, le pâturage de moutons vient se substituer au fauchage.

Une convention a été signée le 16 juin dernier avec un berger de Montfavet afin que celui-ci laisse ses moutons paître sur les parcelles de luzerne. Cette convention a été initiée dès 2019 par Alain Goujon, mise en place par le Service Partenariat et signée pour une période d'essai allant jusqu'au 31 décembre 2020, sous la forme d'une Autorisation d'Occupation Temporaire du Domaine Public et dans le respect du bien-être animal (abreuvement, nourriture, abri, soins...).

L'éleveur a en charge la sécurisation et le déplacement de la zone de pâturage ceinte d'une clôture électrique, elle-même renforcée par une seconde clôture mise en place par l'équipe des Installations Expérimentales. Le site étant très bien protégé, le troupeau a pu accueillir des brebis et leurs petits.

Les premiers mois ont permis de fixer la fréquence de déplacement de l'enclos, une parcelle étant nettoyée en 8 jours par la quinzaine de moutons présents. Par ailleurs, les pieds des haies de cyprès ont été aussi nettoyés, ce qui réduit le risque incendie sur ces espèces très inflammables l'été et évite que les haies deviennent trop hermétiques au mistral, car un passage d'air à travers les haies est nécessaire. Ce travail de nettoyage des pieds des arbres était effectué mécaniquement par l'équipe.

Haies

Photos 3 : La présence du troupeau au niveau des haies permet à celles-ci d'être nettoyées à leur base.

A moyen terme, dans le cadre de programmes de recherche sur des systèmes de cultures horticoles à bas entrant, l'apport de fumure d'ovins pourrait potentiellement être suffisant. Des analyses de sol seront à effectuer pour étudier si cette pratique pourrait se substituer à l'amendement annuel réalisé par l'équipe.

Cette expérimentation, convenue pour 5 ans, apportera aussi une expérience de terrain à nos unités sur la complexité et/ou facilité de mise en œuvre d'un élevage dans une production horticole.

Date de modification : 21 juin 2023 | Date de création : 07 octobre 2020 | Rédaction : Armelle Favery