Le botaniste Gustave Thuret crée un jardin botanique à Antibes à partir de 1857. Ce jardin, initialement privé, a fait l’objet d’une donation à l’état français en 1877. Aujourd’hui dirigé par l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (INRAe), il est à l’origine de l'introduction de milliers d’espèces exotiques en climat méditerranéen dont il a permis l’étude et la valorisation. L’analyse d’archives inédites portant sur la période 1857-1899 montre l'importance des liens tissés avec le Jardin des Plantes à Paris et des flux de plantes entre ces deux institutions.

Dans le cadre d’une réflexion conduite sur l’amélioration du processus d’acclimatation, plusieurs questions sont à l’origine de cette étude. Quelles sont les espèces introduites au jardin Thuret, sachant que certaines sont devenues banales sur notre territoire. Peut-on retracer l’histoire de ces introductions ? quels sont les arbres encore vivants aujourd’hui ? Peut-on améliorer les méthodes de choix, d’introduction et d’expérimentation de nouvelles espèces adaptées aux bouleversements climatiques en cours, sur la base des résultats obtenus depuis plus d’un siècle et demi ? Les archives peuvent-elles nous aider à répondre à ces questions pour construire l’avenir ? Même s’il est encore trop tôt pour répondre, l’étude des flux de plantes entre Paris et Antibes révèle les complémentarités entre les deux institutions et le rôle capital joué par le jardin Thuret dans (1) la mise en culture de nouvelles espèces en région méditerranéenne française, (2) la connaissance botanique et horticole de ces espèces, (3) la production de semences et leur dissémination.

La Villa Thuret (https://www6.sophia.inrae.fr/jardin_thuret) demeure aujourd’hui une institution scientifique et un centre d’acclimatation d’espèces nouvelles. Les archives étudiées dans ce travail exploratoire démontrent qu’elle était au XIX^ème siècle intimement connectée au Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, lui-même connecté au monde entier, et qu’elle en était devenue la succursale méditerranéenne. Plusieurs milliers d’espèces ont été introduites au jardin Thuret de 1857 à 1899. L’essentiel de ce travail a été réalisé par l’UEFM. Les données issues de cette mission sont en cours de publication.

Contact : Jean Thevenet